Titre : California Girls
Auteur : Simon LIBERATI
Le Livre de Poche- Aout 2017
320 pages
❢ Dès notre première rencontre avec Sadie et Kathy, -l’une ayant déjà des airs d’hystérique à côté de ses pompes, l’autre arpentant les poubelles à la recherche du repas du soir- Liberati nous prépare. Loin de l’idée des fleurs dans les cheveux, on est plutôt dans le “pieds sales dégueulasses, entaillés, transpiration et odeur de foutre”. C’est clair la Communauté est loin de l’idée romantique qu’on pourrait se faire de la vie de hippie-bien loin du California dreamin’. Une chose est sûre, les premiers personnages rencontrés ne sont pas présentés sous leur meilleur jour. Directement, Charles Manson apparaît comme un gourou illuminé, un type complètement barré, frustré et manipulateur, alors que ces filles et ses autres suiveurs voyaient en lui le sauveur, le nouveau messie, Jésus en personne et buvaient ses paroles comme du p’tit lait.
❢ California Girls est un récit glaçant de trois journées mêlant l’horreur et la déconnexion de la réalité. Dans mon “souvenir” –quand j’étais ado, j’avais pu avoir quelques livret+video docu retraçant le parcours de serials killers, et le cas Manson était le premier numéro-, je voyais en Manson un tueur extravagant. Liberati m’a fait prendre conscience de l’aspect vraiment sectaire de sa communauté et des desseins politiques qu’il visait.
❢ Dans sa manière de construire son récit, j’ai trouvé que l’auteur adoptait un ton plutôt grave et froid, et malgré les détails sordides des scènes d’horreur, ça ne donne pas dans l’étalage de boucherie. De fait, on est confronté à des images terribles, mais il décrit également de manière minutieuse l’état d’esprit de chacun des protagonistes à chaque moment, que cela soit lors des crimes ou “dans la vie de tous les jours”. On est clairement dans un roman psychologique. Ce n’est pas gratuit, et je trouve que le roman donne une vision assez objective des faits. Ma petite déception est qu’il se soit arrêté juste après les meurtres et qu’on ne suive pas les filles lors de ce procès qui l’a tant marqué.
❢ En bref, un roman glacial et glaçant nous replongeant dans un faits-divers sordide de l’Histoire, ponctué par des musiques emblématiques. Un récit qui tire de notre imaginaire le côté peace and love de la communauté hippie,pour y placer des gens déconnectés et un peu perdus, rêvant d’autres choses, mais complètement manipulés par un gourou haineux et frustrés… qui les pousse à faire des actes pour lesquels il préfère rester dans l’ombre. Un roman que je ne mettrais pas entre toutes les mains. Âmes sensibles s’abstenir.
C’est le deuxième livre de Simon Liberati que je lit, après son Jayne Mansfield, 1967 – publié en 2011 chez Grasset.
J'en ai entendu parler dans l'émission Mauvais Genres si je me souviens bien. C'est toujours intéressant les livres qui déconstruisent une époque.
J'ai bien aimé l'angle choisi par l'auteur aussi, partir du point de vue des "filles".
On voyage bien dans le temps. Entre le roman et le docu.