Une cosmologie de monstres – Shaun Hamill

Du fantastique, des monstres, du frisson

❢ Après American Elsewhere et Terminus, je me suis attaquée à cette nouvelle sortie fantastique-horreur de chez Albin Michel Imaginaire. Pour son premier livre, Shaun Hamill témoigne clairement son admiration pour H.P. Lovecraft. Alors que la couverture de Une cosmologie de monstres laisse penser que l’on va se retrouver nez à nez avec un bon vieux Chtulhu des familles, Hamill va plutôt piocher dans les histoires de monstre invisible, celui qui gratte à ta fenêtre le soir et fait grincer les lattes du plancher sous ton lit. Celui qui fait naître une peur indicible, à te faire blanchir les cheveux sans balancer des litres de sang.

❢ J’étais très curieuse et j’avais hâte de découvrir ce livre. Le 4ème de couverture ne dévoilant finalement pas grand chose de l’intrigue, on arrive un peu vierge face au premier chapitre. Et le ton est très vite donné avec cette phrase d’accroche : “Je me suis mis à collectionner les lettres de suicide de ma sœur Eunice à l’âge de sept ans.” Elle vient de Noah, narrateur du récit et cadet d’une famille de 3 enfants.

Saga familiale et Maison hantée

❢ C’est pas le pied pour les Turner. Leur vie est quelque peu mouvementée, voire maudite, mais pour bien comprendre de quoi il retourne, le narrateur doit remonter à la rencontre de ses parents, une quarantaine d’années plus tôt. De là, l’auteur nous entraîne dans une saga familiale, tout ce qu’il y a de plus classique et de plus addictif, si ce n’est qu’on sent bien qu’il y a quelques chose d’irrationnel et de surnaturel qui menace les Turner. Par petites touches, Hamill installe une ambiance qui fait froid dans le dos. Mais au lieu d’aller chercher la grosse caisse avec les poches d’hémoglobine, les gros monstres dégueulasses qui aspirent ton cerveau pour se nourrir et conquérir le monde, il nous ressort cette bonne vieille maison hantée qui grince.

❢ Le récit est linéaire, chronologique, mis à part les fins de partie qui nous plantent sur un point d’orgue. La tension ne monte pas trop en fait. Ton cœur ne va pas s’emballer d’un coup, par contre la curiosité va prendre beaucoup de place dans ton esprit. Allie ça avec un style fluide, simple, jonglant habilement entre le récit du narrateur et les dialogues, et t’as en main un très bon page turner. Tout au long de l’histoire, on sent vraiment planer l’ombre de la maison hantée et des choses qui pourraient/ont interféré sur la vie des Turner. On ne les voit pas clairement, mais on peut les sentir… jusqu’au moment où….

C’était bien, mais…

J’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture, et en soi, c’était une bonne histoire. Mais, mes attentes étaient hautes et j’en suis ressortie un petit peu mitigée, ou déçue, je ne sais pas trop. Je l’ai trouvé un peu plat et pas complètement aboutit. J’ai un peu l’impression que l’auteur a planté ses éléments, mais voulant jouer sur la réserve et ce qui est tu/caché, il n’exploite pas assez le potentiel de ces éléments. Je crois vraiment qu’il aurait beaucoup plus me faire peur ou me faire sursauter… mais c’était un peu pshiiiit.

❢ Je pense que je m’attendais à un peu plus de rebondissements, de choses tapies dans le coin de pages. Je voyais la Maison hantée comme un élément clé. J’attendais que le rythme s’emballe, ce qu’il finit par faire, mais je l’attendais plus tôt. Alors comparativement aux deux livres cités au début de cette chronique, Shaun Hamill a un bon potentiel. Il n’a peut-être pas exploité tout ce qu’il avait dans sa plume, MAIS il propose un texte qui se lit avec grande facilité, qui ne demande pas une concentration extrême, qui t’emporte rapidement et qui est léger à lire. En gros, il n’est pas bavard pour faire de la ligne.

Le blurp qui biaise

❢ Yep! Je me suis laissée avoir par le 4ème de couverture. Il ne nous donne pas d’info sur l’intrigue, mais consiste en l’avis de Stephen King sur le livre. Et FRANCHEMENT il envoie du lourd. Bref du coup, tu tombes un peu de haut. DONC! Un conseil, ne vous attardez pas sur ce 4ème de couv. Et c’est bien dommage, parce que je pense que mon point de vue sur ce livre est quelque peu biaisé par ce Blurp* !

Le quoi?!

❢ Hasard factuel, dans sa chronique sur La Première de cette semaine (à 33 min 30”), Michel Dufranne explique justement ce que sont les blurps.à 30 min 30, t’as la chronique en entier et elle vaut la peine).- A savoir, ces commentaires élogieux que l’on trouve souvent sur les couvertures des livres. Purement marketing, ils appâtent –et souvent très bien- les lecteurs. J’ai pour habitude de ne pas trop m’y fier… mais quand c’est Le King qui te parle, c’est un peu comme le chant des sirènes. Bref, le quatrième de couverture m’a vendu du cauchemar et j’ai à peine frissonné.

Pour revenir à nos moutons

❢ Je pense que ce premier livre de Shaun Hamill est une bonne découverte. C’est très prometteur : le style est agréable, ça se lit d’une traite et l’idée de l’intrigue est très bonne. Pour moi, il lui manquait un poil de piquant pour me retourner complètement. S’il continue dans ce genre, je pense que je suivrai cet auteur, car il a certainement un bon potentiel.

❢ Je suis assez fan de cette nouvelle collection, tant sur le catalogue que sur l’emballage. La couverture de Une cosmologie de monstres est illustrée par Aurélien Police et je la trouve plutôt réussie, même si elle ne colle pas tout à fait avec le récit de Shaun Hamill.

Ce que les autres en ont pensé

❢ Enthousiastes ou un poil mitigés, d’autres lecteurs ont laissé leur avis sur ce livre… Apophis, Livrement, Le chien critique, Just a word, Le tourne page, Lune, Mélie, Xapur, Cunéipage, Gromovar, …


Couverture du livre Une cosmologie de monstres de Shaun Hamill
TITRE : Une cosmologie de monstres (A cosmology of monsters : a novel)
AUTEUR : SHAUN HAMILL
Octobre 2019 - Albin Michel Imaginaire
416 pages

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10 commentaires sur “Une cosmologie de monstres – Shaun Hamill

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    1. Yep! Ca m’a rassuré de me dire que je n’étais pas la “seule” à être mitigée! (Même si le livre a quand même certaines qualités).
      Ta chronique était très bonne.
      😉

  1. Mon avis rejoint le tien : je n’ai pas senti de tension monter moi non plus, j’étais plus curieuse. Mais je ne suis pas arrivée à satieté et il me restait même un petit arrière-goût de frustration pour l’aspect inabouti. J’avoue que je n’avais point lu la quatrième de couverture (et donc je ne me suis pas faite avoir non plus par le burp de Stephen King). Ce qui ne m’empêchera pas non plus de rester attentive aux prochaines parutions de Hamill et d’AMI.

    1. Mais oui c’est vraiment ça! Le goût de trop peu!
      Oui c’est clair, je trouve qu’ils proposent de bons livres.
      Puis ce n’est pas parce qu’on le ressent inabouti qu’il est mauvais… manque juste un peu d’épice quoi.
      Affaire à suivre! Vivement le prochain AMI 😉

  2. L’appât du King (une vraie chausse-trappe oui ^^), une couverture magnifique, une nouvelle collection Albin Michel Imaginaire terriblement tentante… Je crois (non, en fait je suis sûre !) que je vais quand même me laisser séduire. Je prends le risque, mais avec une modération de mes attentes grâce à toi, merci 😉

    1. Clair! Elle est top cette collection. Et je n’ai lu que les fantastique-horreur!
      C’est ce qu’il faut. Y aller tranquilou. Le style est deja sympa. Et j’ai oublié de parler des petits chapitres avant les parties qui sont un peu dejantax!

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