Folio, mai 2001, 552p. |
Cela faisait un bout de temps que j’avais envie de relire ce bouquin. J’ai découvert Lolita en juillet 1998 (avec l’édition illustrée ici).
Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois, contre les dents. Lo. Lii. Ta.
Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l’école. Elle était Dolores sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita.
Ainsi débute le récit d’Humbert Humbert, plutôt séduisant et assez intelligent et qui sait manier les mots. Humbert Humbert, marqué à jamais par la perte de son amour de jeunesse, Annabelle, à cause du typhus. Humbert Humbert quadragénaire amoureux des nymphettes. Humbert Humbert… ce pédophile.
A travers ses pages, Humbert nous raconte sa rencontre avec Lolita, alias Dolores Haze, et l’amour qu’il lui a dévoué. Par delà le récit de son enfance, il tente de nous faire comprendre son attirance pour les nymphettes. Ces jeunes adolescentes, pas encore femmes, mais dont le pouvoir de séduction dépasse leur conscience. Le jour où il s’installe chez une logeuse appelée Charlotte Haze, sa vie va connaître un grand bouleversement. Ce bouleversement, c’est Lolita, la gamine de 12 ans de Charlotte. De péripéties en péripéties, le seul but d’Humbert est d’avoir Lolita pour lui… et lui seul.
And so…
Fouler les pages de ce roman, c’est entrer dans un univers totalement ambigu et assez malsain. D’une part, on découvre le récit passionné d’un amour vécu par un homme de quarante ans; d’autre part, cet amour est dédié à une jeune fille de 12 ans.
Avec cette dernière phrase, on pourrait résumer cette histoire à une lugubre affaire de pédophilie. Néanmoins, cela va au-delà de ça.
Tout au long des pages, j’ai été tiraillée entre le dégoût pour les mœurs scabreuses d’Humbert et la compassion envers un homme détruit par un amour démesuré et inadapté.
Il est vrai que cette lecture ne nous donne que le regard de l’homme sur cette histoire. De fait, il est souvent assez difficile de le voir uniquement comme un pervers. A travers ses lignes, il nous décrit une passion grandissante qui le meurtrit et le détruit à petit feu.
De son côté, il s’agit bien d’une réelle histoire d’amour. Inadaptée, certes.
De l’autre côté, nous trouvons une adolescente, peut-être pas la plus belle, mais dotée d’un charme, d’une spontanéité et d’une (vraie/fausse) naïveté, qui chamboulent totalement Humbert.
La grande ambiguïté réside dans la relation qui s’installe entre eux deux. Tout d’abord, en raison de l’âge des personnages (mais ça je l’ai déjà dit). Ensuite, car malgré une grande naïveté, Lolita prend vite “conscience” du pouvoir qu’elle détient sur Humbert. Consciente ou non de ses charmes et de ses actes, elle rentre très vite dans ce jeu de séduction pour obtenir tout ce qu’elle désire de lui.
Et c’est ça qui me fait danser sur un pied puis l’autre. Au cours du road trip qui va les mener à travers les États-Unis, on se rend compte petit à petit de la puissance de l’un et des faiblesses de l’autre.
Ainsi, Lolita n’hésite pas à souligner l’aspect totalement pervers de la relation pour raffermir son emprise sur Humbert. D’autre part, Humbert mentionne régulièrement, avec beaucoup de cynisme, le caractère immoral de ses sentiments.
Ce récit est raconté à la première personne, de la plume (posthume) d’Humbert. Prenant cours entre les années 1915 et 1955, de la bouche d’un homme lettré et de bonne “société”, le style est travaillé. Nabokov/Humbert joue avec les mots, les sonorités et pond de belles phrases. Un style parfois un peu ampoulé, mais qui n’aurait pu être autre au vu de la personnalité du “héros”.
A travers ces phrases, l’auteur nous fait faire un bond dans le temps, en même temps qu’un voyage à travers l’Europe et l’Amérique. Les décors, la nature, les lieux, les situations, les sentiments… tout y est décrit pour nourrir l’imaginaire du lecteur.
Le roman est découpé en deux parties. La première se lit très vite. La seconde est un peu plus lente dans son deuxième tiers. Néanmoins, j’ai passé un “bon” moment de lecture, sans trop d’ennui (excepté un peu dans ce deuxième tiers de deuxième partie -ouf).
De plus, au fur et à mesure de son texte, Nabokov a éveillé chez moi des sentiments contradictoires, des questionnements sur ses personnages, leur relation, etc. J’étais totalement immergée dans son histoire (genre les deux pieds dedans).
Bref, une belle relecture qui me fait toujours me questionner sur cette ambiguïté constante.
Ma note : 3,5 étoiles
Lolita a été lu en Lecture Commune, d’autres avis chez :
Malice, Arieste, Lystig
Et d’autres à venir!
et un grand merci pour les pompom’s à A-Girl From-Earth
Tout le plaisir fut pour moi. :))
Au plaisir de la prochaine LC 🙂
Un roman qui reste un souvenir marquant mais magnifique !
Oui c'est assez vrai!