Titre : Rien n’est trop beau
Auteur : Rona Jaffe
Publication : 1958
Edition : Août 2012
Le Livre de Poche
672 pages
❢ Lu en janvier, je m’en vais fouiller ma mémoire –appelez un archéologue! Vite!- pour dire quelques mots sur un roman qui m’a vraiment beaucoup plu. Rien n’est trop beau, reflet de quatre femmes américaines, âgées de moins de 30 ans. Une immersion dans le New-York des années 50. Nous vous remercions de faire le voyage avec notre compagnie.
Vous prendrez bien un petit résumé avec votre thé?
❢ New-York, début des années 50, Caroline Bender se fait embaucher dans une maison d’édition. A cette époque, nombreuses sont les jeunes femmes prenant un travail de dactylo en attendant le “grand jour”. Elles deviendront par la suite de “bonnes petites femmes d’intérieur couvrant leur mari et leurs enfants des meilleurs intentions du monde”. Mais pas Caroline. Essuyant une déception amoureuse, celle-ci relègue quelque peu sa vie sentimentale pour se consacrer à son travail et son ambition de gravir les échelons de cette boîte. Caroline va faire la rencontre d’autres jeunes femmes, avec des ambitions bien différentes : Mary-Agnès, obnubilée par les préparatifs de son mariage; April, jeune et naïve provinciale aspirant à rencontrer le prince charmant; Barbara, mère célibataire, divorcée, qui se bat pour nourrir sa fille et sa mère; Gregg et ses rêves de gloire.
Chacune, à son niveau, se bat pour se faire sa place dans un monde particulièrement dominé par les hommes.
Et un petit morceau de mon avis pour tremper dedans?
❢ Comme bien souvent, la couverture de ce livre a joué de son pouvoir d’attraction sur moi. Et j’ai bien fait de laisser la tentation me gagner. Ecrit en 1958, ce livre est né de l’expérience vécue par Rona Jaffe, son auteur. Ce qui ne gâche rien. Avec la série Mad men -shame on me, que je n’ai pas encore vue- il semblerait qu’il y ait un certain regain d’intérêt pour les années 50. Loin de notre époque du “girl power”, se plonger dans une période où la femme se sent toujours totalement redevable et fidèle à son mari a quelque chose de “rafraichissant”. Malgré cette dévotion, on sent déjà à travers les pages de ce récit, une certaine volonté d’émancipation et d’égalité homme/femme.
❢ J’ai adoré découvrir le destin de ces femmes dont les aspirations étaient fort variables. J’ai souri face à la naïveté de certaines et leur attente du prince charmant. On sent bien la pression sociale qui impose à toute femme qui se respecte de trouver mari et de le soutenir au fil des jours, “jusqu’à ce que la mort vous sépare”. J’ai été agacée par celles qui ne vivaient QUE pour leur mariage et la future vie de famille. J’ai été émue par ces jeunes femmes totalement perdues parce que leur vie ne collait pas à l’image idéale et respectable que la société leur dictait, mais qui se battait tous les jours pour la rendre meilleure et s’imposer selon leurs propres idées et leurs ambitions. Je me suis attachée à chacune d’entre-elles et j’ai vibré tout au long de leurs parcours. Bref, ce roman m’a procuré de nombreuses émotions pendant ma lecture.
❢ Loin des romans “chick’lit” contemporains, Rona Jaffe nous offre une critique de la société américaine des années 50 qu’elle a vécu. Son style est frais et se déguste comme un cocktail sur une terrasse ensoleillée, malgré l’amertume ressentie face à certaines situations. Le ton léger contraste avec les drama’s auxquels les héroïnes doivent faire face. Elles plient mais ne rompent pas.
❢ En bref, avec son Rien n’est trop beau, Rona Jaffe m’a emportée dans un voyage espace-temps très agréable, dans une période pré-libération de la femme. Elle décrit avec légèreté les étapes dramatiques que les héroïnes traversent et qui construisent petit à petit leur personnalité. Une légèreté qui n’enlève rien au caractère grave de certains évènements vécus.
Ce roman fait partie des livres que j’ai eu du mal à refermer et qui laisse une impression de manque une fois terminé. Happée par ma lecture, j’avais l’impression d’évoluer aux côtés de ces jeunes femmes, d’être assise dans un coin à les observer. Un roman pas tout à fait facile, un style frais, honnête et juste. Un auteur à découvrir à nouveau. Née à New-York en 1931, Rona Jaffe est décédée en 2005 à Londres.
Merci pour le lien 🙂 J'en garde un très bon souvenir également. Dommage qu'on ne puisse pas découvrir l'auteure à travers d'autres oeuvres
Avec plaisir 🙂
Sur Wikipédia, on dit qu'elle a d'autres titres à son actif. Mais j'avoue que je n'ai pas regardé sur les librairie en ligne. Ils n'ont pas été traduits en fait?
J'ai vraiment aimé son écriture… c'est frais, même pour des sujets un peu plus "lourd".
Une belle lecture pour moi aussi. Parfois, j'ai l'impression que certaines femmes en reviennent à ça, obsédée par le mariage et les enfants !
hihi c'est pas faux… quand on imagine comment ont galèré nos "grands-mères" pour gagner leur indépendance…