Double “découverte” avec ce bouquin, reçu dans le cadre d’un partenariat BOB-Points (que j’en profite pour remercier!) : d’une part, je fais connaissance avec Jay McInerney, auteur américain issu des années 80, qui a inspiré notamment Brett Easton Ellis, et avec qui il a développé un groupe littéraire appelé “Brat Pack”; d’autre part, je me plonge dans un recueil de nouvelles, genre que je ne “connais” pas très bien.
C’est en lisant les résumés proposés dans le cadre du partenariat que je me suis mise en tête que je VOULAIS ABSOLUMENT découvrir cet auteur. Un regard porté sur la société qui l’entoure (d’abord celle des années 80) avec un soupçon d’ironie et de gravité. “Dans les nuits new-yorkaises des années 80, ils ont sniffé, baisé, multiplié à l’infini les fiestas déjantées. Et aujourd’hui ? Ils ont quarante ans, sont mariés. Ils ont abandonné New York, poudre blanche et orgies. Vieux adolescents aux regards figés d’ennui, ils contemplent le désenchantement et les fêlures de leurs vies.”
Sex and drugs, la déchéance, le vide de l’existence, les personnages de McInerney sont blasés par une vie dont ils espéraient autre chose (mais dont ils feintent qu’elle corresponde à leurs plans de départ). Ils me donnent l’impression de se mentir à eux-mêmes par orgueil ou fierté. A la lecture des quatrièmes de couverture on sent vraiment la “proximité” avec Ellis. Je ne suis pas trop fan d’Ellis (je n’ai lu qu’American psycho, qui m’emballait au début et a vite fini par me souler) et pourtant ça n’a pas empêché mon envie de découverte de me braquer sur cette nouvelle lubie. Je me sens plus attendrie par les personnages de McInerney, plus tentée de découvrir leurs parcours. Et je n’ai pas été déçue par cette première incursion. Chaque nouvelle présente à chaque fois un autre profil, un développement psychologique, le tableau d’une vie.
J’ai vraiment apprécié découvrir chacune d’elle. La difficulté de l’exercice est d’accrocher dès les premiers paragraphes au récit, de s’intéresser aux personnages. Les nouvelles sont toutes différentes les unes des autres, liées par un fil conducteur, la débâcle d’une vie (encore le mot vie). De début 80 à 2008, McInerney embrasse près de 30 ans, plusieurs époques, on peut voir l’évolution des mœurs et du fonctionnement des gens, le côté sombre de la recherche de la célébrité, de l’argent et d’une vie dissolue.
Le style de McInerney est agréable à lire : en quelques pages, le sujet est placé, le déroulement s’emballe et la chute fait “sourire”. Très vite, on ressent l’amertume des personnages, on les déchiffre, les capte et souvent on a envie d’en lire encore plus. Certains héros sont devenus ensuite le centre de divers romans de l’auteur. Ce recueil est, je pense, une bonne entrée pour découvrir le monde de McInerney.
Il me reste encore 4 nouvelles à lire. Débuté dans une passe de “panne” de lecture, ces courtes histoires m’ont permis de continuer à lire à un moment où j’avais un peu la flemme des pages.
Ma note : 3,5 étoiles
Moi tout craché, Jay McInerney, Points, octobre 2010, 345 pages
Je vais découvrir McInerney en 2011 : je l'écris ici donc je m'y engage ! Je ne suis pas bien fan d'Ellis non plus, mais il est bien possible que j'apprécie plus.
C'est noté! adjugé!!
Faut que je tente un roman, mais déjà ici, je préférais les personnages. Je me réjouis de lire ton avis quand tu auras un titre!
Si tu as aimé certaines nouvelles plus que d'autres, il faut savoir que les premières sont des premiers chapitres ou ouverture vers certains de ses romans comme Il est six heures du mat, tu sais où tu es ? est l'ouverture de Bright Light, Big City (journal d'un oiseau de nuit), "Philomena" est ce qui lui a inspiré Glamour Attitude et Moi tout craché est toute une vie avec l'histoire d'Alison Poole (qu'on retrouve comme personnage capital souvent chez Bret Easton Ellis). Un recueil pratique pour savoir si il faut continuer ou non McInerney mais la réponse sera toujours oui car il est l'écrivain le plus talentueux et le plus en harmonie avec son temps.
En attendant la suite de la belle vie.
Cordialement
Dicky le Canard
Merci Dicky,
J'avais cru comprendre que certains persos revenaient dans des romans. Et c'est ce qui me tentait bien de découvrir.
T'en as lu plusieurs? Lequel tu conseillerais pour "débuter"?
Pour débuter… je te conseillerais plutôt la belle vie car il est le plus proche de nous et une analyse assez géniale des relations humaines de notre temps. Une fois que tu as lu celui-là, lis Trente ans et des poussières qui peut être plus "chiants" car vraiment planté dans le monde de l'édition des années 80 mais tu gardes les mêmes personnages et tu comprends mieux ta première lecture par la lecture du second. Après Glamour Attitude est très agréable car très simple mais la fin est déchirante, en tout cas elle m'avait bien foutu la chaire de canard.
Je les ai pratiquement tous lu à part Ransom qui est le dernier que j'ai à lire. C'est un auteur remarquable. Une zeitgeist prodigieux.
Cordialement
Dicky le Canard
merci beaucoup! Je note le conseil!! (J'avais pensé commencer par trente ans et puis la belle vie, comme ça se suivait. mais je suivrais sans doute ton avis).