Un hiver en Enfer – Jo Witek

TITRE : Un hiver en enfer
AUTEUR : Jo WITEK
Ed. Actes Sud Junior
20 août 2014
333 pages

Vous prendrez bien un petit résumé avec votre thé?

❢ Edward, 15 ans, a été élevé toute sa vie par son père, un célèbre architecte. Il éprouve de grandes difficultés à nouer des liens avec sa mère, qui passe la majeure partie de son temps entre crises bipolaires et séjours en hôpital psy. Alors qu’elle rentre d’une énième “cure”, Rose semble en paix avec ses démons et tente de tisser des liens avec Edouard. N’ayant jamais reçu aucun amour de la part de cette mère qu’il déteste littéralement, Edouard se braque, lui répond cyniquement lors du repas, et déclenche une terrible dispute avec son père.
Or, survient ce même soir, la mort accidentelle du père.
Le jeune ado, déjà terriblement mal dans sa peau, victime de troubles obsessionnels compulsifs, mal intégré dans son école, va devoir survivre avec ce poids. Mais surtout…il va devoir composer avec sa mère, ayant réchappé de peu à l’accident dont elle a été victime avec son mari.
Dès lors, un terrible face-à-face va se mettre en place entre la mère et le fils. Entre amour et haine, la tension est palpable.

Oups, mon avis vient de tomber dans votre tasse.

❢ Estampillé roman jeunesse, je trouve qu’Un hiver en enfer est avant tout un bon thriller “tout public”. De fait, le personnage central du récit n’est pas un adulte, comme on en a l’habitude dans ce genre de roman quand il est destiné aux adultes –du moins pour ceux que je lis en général- mais bien un adolescent de 15 ans. Néanmoins, cet angle d’attaque n’infantilise pas du tout le cadre et l’intriguece qui me fait toujours un peu peur suite à de mauvaises expériences avec certains livres Young-Adult.


❢ Je suis très rapidement entrée dans l’histoire. Même si le face à face entre la mère et le fils n’intervient qu’en seconde partie du récit –on va dire à la moitié du livre- Jo Witek met en place le cadre, ses personnages et leurs personnalités avec minutie et de manière plutôt passionnante. Son écriture est prenante, le style assez direct et propose une bonne balance entre la focalisation interne et les dialogues entre les personnages. Le texte est rythmé, ce qui permet d’adopter un bon “débit” de lecture –tout en sachant que ce n’est pas parce que ça se lit vite que c’est mieux qu’autre chose, n’est-ce pas! Néanmoins, j’ai un petit bémol à ajouter au niveau des descriptions. J’y ai trouvé certaines incohérences, à mon sens. Il y a en a un ou l’autre minime, telle qu’une fille qui se met du vernis à ongles et qui deux secondes plus tard fait une bataille de polochons –oui, oui tu vas dire que je tortille du c*l, mais quand même, ça m’a un peu chiffonée. Et une autre, à la fin du récit, qui m’a un tant soit plus gênée, mais je ne peux pas la décrire sous peine d’être une vilaine spoileuse!
Au final, il s’agit quand même de petits détails qui n’entravent en rien la lecture, rassurez-vous!

❢ L’intrigue tient vraiment bien la route, et ce, appuyée par le fait que le cadre du récit et les personnages sont vraiment bien dépeints. Jo Witek nous plonge en plein dans un univers adolescents. Une jeunesse plutôt dorée, mais qui n’échappe pas à toute la cruauté dont l’humain peut faire preuve.
Edward est un enfant perturbé. Chéri par son père, il est tout de même victime de l’état d’esprit disfonctionnant avec lequel sa mère l’a bercé toute sa courte vie. De-là, il s’est développé un série de TOC qui ne l’aide pas à s’intégrer facilement dans son lycée. Ajoutez à cela les rumeurs qui vont bon train sur l’état de santé de sa mère, et Edward a bien vite été catalogué “le taré”.
Il est victime des méchancetés des têtes dures de l’école : agression verbale, parfois physique et racket. Il se réfugie dans les jeux vidéo auxquels il s’avère être plutôt “bon”.
J’ai trouvé vraiment intéressant la manière dont l’auteur nous plonge dans cet univers. Ca interpelle et ça peut même faire froid dans le dos. Qui plus est, étant donné que ce livre est destiné à la base à un public ado… autant espérer que ça fasse réfléchir –on n’est pas toujours conscient du mal que l’on peut faire aux autres.

❢ A ce niveau, les personnages peuvent paraître peut-être caricaturaux –le geek, le caïd, le maigrelet, etc.- sans l’être de trop finalement, néanmoins, je trouve que ça sert bien le récit. Du côté des adultes, ceux-ci sont également bien campés. Pas manichéens pour un sous, ils participent également à la montée en tension que l’on peut ressentir tout au long de l’histoire. Au bout d’un moment, il y a de quoi s’y perdre entre la réalité et les faux-semblants.

❢ En bref, en ouvrant Un hiver en enfer de Jo Witek, j’ai non seulement découvert une auteur avec une écriture plutôt chouette, mais aussi un roman qui m’a bien embarqué dans son jeu. Ce livre est un thriller psychologique vraiment bien ficelé. Malgré le fait qu’il soit catégorisé en “jeunesse”, je trouve qu’il peut plaire également à un public adulte. Ca tient la route, et ça plonge le lecteur “adulte” dans cadre différent des thrillers “pour grand” –wais, j’essaie tant bien que mal de ne pas répéter le mot adulte tout le temps et ce n’est pas facile. L’auteur plonge son lecteur dans un récit très prenant qui a pour cadre l’adolescence et les relations humaines difficilesentre enfants, et intergénérationnelles. Entrer dans ce livre, c’est mettre un pied dans une spirale infernale qui nous tient de bout en bout. Un livre qui en valait le détour.


Lu dans le cadre de l’opération Masse Critique, j’en profite pour remercier les éditions Actes Sud Junior et Babélio.

2 commentaires sur “Un hiver en Enfer – Jo Witek

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    1. Je ne connais pas du tout celui que tu as lu… donc je ne peux te dire s'il est mieux ou pas 🙂 C'était un bon souvenir. L'écriture est efficace. Maintenant, c'est vrai que j'avais un peu tiqué sur quelques incohérences.
      En même temps, ça se lit assez rapidement aussi.

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