Trouver une victime – Ross MacDonald

TITRE : Trouver une victime
AUTEUR : Ross MacDonald
Edition : Gallmeister – Coll. TOTEM
4 juin 2014 – 1ère édition : 1954
273 pages

❢ Ross MacDonald est né en 1915 en Californie. Il y décèdera en 1983, à l’âge de 67 ans. Auteur assez prolifique, il publie 4 romans à partir de 1944, sous son vrai nom, Kenneth Millar. C’est en 1949 qu’il début la série Lew Archer qui comptera pas moins de 18 volumes. Son oeuvre ne se limite pas à ça, mais je ne vais pas refaire sa page Wikipédia ici :-).

Vous prendrez bien un petit résumé avec votre thé?

❢ Alors qu’il traverse la ville de Las Cruces, Nouveau Mexique, Lew Archer ramasse sur le bord de la route un auto-stoppeur blessé par balle, qui ne tardera pas à décéder dès son arrivée à l’hôpital. Par la force des choses, il se retrouve malgré lui coincé là-bas dans l’attente de l’ouverture de l’enquête. La victime, Tony Acquista, travaillait comme chauffeur de camion pour l’entreprise Meyer. Camion et chargement ont bien évidemment disparu. Suite à une discussion avec le chef de l’entreprise, la nature de Lew prend largement le dessus : le détective privé ne peut en rester là. Il décide de mettre son nez dans cette histoire et de mener son enquête. Une initiative qui va souffler la poussière sur de vieilles histoires de famille. Juste assez pour lui attirer quelques ennuis.

❢ Trouver une victime est le cinquième tome ayant pour héros le détective privé Lew Archer. Un livre qui peut se lire indépendamment, mais qui donne envie de se taper tous les autres, et dans l’ordre :

  1. Cible mouvante
  2. Noyade en eau douce
  3. A chacun sa mort
  4. Le sourire d’ivoire

Et voici mon avis pour tremper dedans!

❢ C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai découvert cette série noire mettant en scène le détective Lew Archer. J’avais entendu parler de cet auteur lors de la réédition du premier tome “Cible mouvante”. Des romans publiés en français depuis 1953, mais dont la traduction laissait à désirer. En 2012, les éditions Gallmeister décident d’offrir une traduction fidèle à l’original. Une démarche qui rend honneur au talent de MacDonald, considéré comme l’un des plus grands écrivains de roman noir. Qu’on se le dise!

❢ Trouver une victime m’a plongée dès les premières pages dans l’ambiance du roman noir (ou du moins dans l’idée que j’ai du roman noir). Une route déserte, le Nouveau-Mexique, un zig exsangue sur le bas-côté, un détective qui décide de mettre son nez dans l’affaire… Bref déjà quelques éléments plutôt alléchants. L’intrigue se met en place très rapidement. Du coup, j’ai été immédiatement immergée dans le récit avec l’envie d’en découvrir à chaque fois plus.

❢ A la base, l’intrigue paraît plutôt simple, mais cela va très vite changer. De fait, l’image du “coupable évident” prend un coup dans l’aile dès que Lew Archer soulève quelques grains de poussière dans les histoires de famille des divers protagonistes. Les personnages se multiplient, les suspects aussi. Au fur et à mesure que se déroule l’histoire, les rebondissements s’enchaînent, détournant le lecteur de toutes certitudes qu’il avait pu se construire. Le récit est écrit en “je” et nous est relaté sous la voix de Lew Archer. Le point de vue n’est pas omniscient et on va découvrir petit à petit, en même temps que lui, ce que nous réserve cette aventure. J’ai trouvé le style de l’auteur assez “léger”. Pas de phrases longues et lourdes. Il arrive à nous transmettre une vision fidèle du décor à travers les mots et les descriptions d’Archer, et ce d’une manière fluide et agréable à lire.

❢ Au niveau des personnages, MacDonald déploie une belle brochette variée. Mais surtout pas de manichéisme ici! Les différentes personnalités sont complexes, travaillées. C’est franchement difficile de se tenir à la première idée que l’on s’est fait de l’un ou de l’autre. Ce qui, je trouve, est d’un grand intérêt. L’auteur déstabilise son lecteur avec autant de revirements de situation que de comportement. Rien n’est gagné. A nouveau, comme pour l’intrigue, nos certitudes sont à revoir. Je me suis vraiment attachée au personnage de Lew Archer. N’ayant pas lu les 4 premiers tomes de la série, je ne connais pas encore son “passé”, son histoire, mais j’ai franchement envie de la découvrir. Un attachement que j’ai également ressenti envers les autres personnages. Intrigants ou rebutants, le croisement de tous donne un cocktail détonnant.

❢ Ce que j’ai beaucoup apprécié aussi dans ce polar, c’est d’être transportée dans une autre époque- livre publié en 1954- sans que le ton ou le style ne s’en ressentent (c’est quoi le ton des années ’50, en fait…), d’ailleurs, à maintes reprises j’oubliais que l’on était dans les années 50. C’est plutôt grâce au cadre que l’on en prend conscience : objets du quotidien, attitudes et comportements, etc. Mais il y avait aussi tout le côté sombre et brumeux qui était fort plaisant. Nombre des temps forts se déroulent la nuit, ou à la tombée du jour. L’environnement semble plutôt désertique, et dès que l’on rentre dans la ville, tout reste flou. Tout le monde se connaît et compte son lot de petits secrets, mais ce monde n’a pas envie que Lew en apprenne de trop. Beaucoup de non-dits et de vices cachés en gros.

❢ En bref, je suis totalement enchantée de découvrir cette série grâce à cette nouvelle traduction –paraît que la première n’était vraiment pas bonne et ne rendait pas honneur au texte de MacDonald- ainsi qu’un auteur de roman noir bien “coté”. Sans chichis et sans fioritures, MacDonald transporte le lecteur dans une intrigue bien ficelée, sur un ton plaisant et un style agréable à lire. Une intrigue qui fait travailler les méninges et qui donne naissance à des relations complexes entre les protagonistes. Le passé trouble plane. J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir l’environnement dans lequel l’auteur plaçait son histoire. Un polar qui se lit vite, qui se dévore même quasi d’une traite.

❢ Livre des premières. Avec Trouver une victime, je découvre la plume de Ross MacDonald, et en même temps une collection, Totem de Gallmeister dont les couvertures me faisaient de l’oeil déjà depuis un bout de temps. Je suis assez fan du “contenant” (le format, le graphisme, la police, toussa, toussa) de cette maison d’édition, bien vite que j’en relise un autre.
Je remercie au passage les éditions Gallmeister et Babélio (via son opération Masse Critique) d’avoir facilité cette découverte.

Laisser un commentaire

Fièrement propulsé par WordPress | Thème : Baskerville 2 par Anders Noren.

Retour en haut ↑