Un long silence – Mikal Gilmore

Reçu dans le cadre de l’opération Masse critique de Babélio (que je remercie au passage, ainsi que les éditions Points), j’avais envie de découvrir ce livre depuis un bout de temps. Ce récit s’inscrit dans la droite ligne du “Chant du bourreau” de Norman Mailer, que j’avais vraiment apprécié.
Pour rappel, Le chant du bourreau relate l’histoire de Gary Gilmore, petite frappe, condamné à la peine capitale dans les années 70 pour le meurtre de deux jeunes hommes. Le fait divers a fait sensation à l’époque, car Gary s’est battu bec et ongles afin que son châtiment lui soit infligé. A cette époque, cela faisait un bon bout de temps qu’il n’y avait plus eu d’exécution aux Etats-Unis. Cette volonté que sa condamnation soit concrétisée apparaissait comme un retour à cette pratique qui soulève encore aujourd’hui de vives émotions.
Points, février 2012, 612 pages
Mikal Gilmore, l’auteur de ce Un long silence, est le frère cadet de Gary. Petit dernier d’une famille de 4 garçons, Mikal est né près de 11 ans après Gary. Néanmoins, sa vie n’en fût pas moins tourmentée. Marqué par le destin rencontré par son frère, mais pas seulement, Mikal retrace dans son récit l’histoire de sa famille pour tenter de comprendre et d’expliquer la malédiction, comme il dit, qui pèse sur celle-ci.
Délier les noeuds, découvrir les secrets, Mikal va interroger son entourage, et notamment son frère aîné, Franck Jr, pour mettre à plat plus de 90 ans d’histoire.
Sa mère étant issue d’une famille mormone, Mikal dresse un beau tableau de l’histoire de cette “religion” et de l’établissement de la plupart des partisans dans l’ouest américain. Mais aussi de l’influence de celle-ci sur le comportement de sa mère.
J’ai trouvé cette partie plutôt instructive, même si c’est parfois un peu complexe.
D’autre part, il dresse également le portrait de son père et de ses origines. Un aspect beaucoup plus romanesque qui laisse encore planer du mystère. La vie Franck Gilmore pourrait se résumer à l’expression road book ou road movie. Un parcours difficile à retracer d’un bout à l’autre d’où les nombreuses pièces de puzzle manquantes. Un être qu’on a également envie de détester.
Tout au long des 600 pages qui constituent cette biographie, Mikal expose les faits, ses ressentis et impressions qui ont jalonnés sa vie. Il tente de montrer comment l’éducation reçue par ses frères les ont menés à devenir des petites frappes, des meurtriers ou des bons à rien. A-t-il, lui, échappé à ce destin funeste? Il est tout de même clairement marqué par les chemins qu’ont suivi Gary et Gaylen. Même s’il dit ne pas avoir vécu “dans la même famille”.
Quant à Franck, c’est en travaillant sur ce bouquin qu’il a vraiment commencé à le connaître.
L’écriture de Mikal Gilmore est plutôt agréable. Dans un style fluide et “parlé”, il dévoile, morceau par morceau, les différents pans de sa vie; qui sont bien souvent peu reluisants.
Une mise à nu qui m’a tenue en haleine quasi tout du long. J’avoue avoir eu une sensation de redite dans un passage ou deux. Néanmoins, je ne vais pas lui dire “eh euh, tu l’as déjà dit ça… abrège“. Etant donné que son style n’est pas pesant, ça n’a pas été trop gênant.
Mikal a su me transporter dans son histoire comme s’il s’agissait d’une pure fiction. J’en ai aussi enragé quand je me suis retrouvée face à l’un ou l’autre secret irrésolu!
En bref, je ne suis pas une habituée des biographies, mais celle-ci m’a bien plu! Le sujet était dramatique et pesant, tout à l’opposé du style dans lequel il nous est présenté. Gilmore écrit d’un manière dynamique, qui ne s’enlise pas dans les détails inutiles.
Je conseille évidemment de lire le roman que Mailer a écrit avant, histoire de savoir où on met les pieds.
Ma note : 3,5 étoiles

2 commentaires sur “Un long silence – Mikal Gilmore

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  1. Tu sembles clairement moins convaincue que par le récit de Mailer… Pour ma part, j’ai aimé l’approche tout en délicatesse d’un frère racontant comment son frère est devenu un criminel. J’ai peur du côté un peu voyeur de Mailer mais j’y viendrai sûrement.

    1. De fait, quand t’as lu le pavé de Mailer avant, celui-ci me semblait un peu moins “palpitant”.
      Quoique bon, j’avais vraiment envie de le lire et aussi de découvrir le point de vue du frère. Le chant du bourreau a ouvert une certaine “fascination” sur le sujet 🙂

      J’espère que tu y viendras avec plaisir en tout cas.

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